« En Avent vers Noël – Retour sur notre année »
Il n'est pas étonnant qu'à la fin de chaque année civile, ceux qui sont engagés dans les différents domaines de l'activité humaine portent un regard rétrospectif sur ce qu'ils ont vécu. Dans le but de faire le point sur les réalisations accomplies, les ratés et les difficultés rencontrées et, à partir de là, de tirer des leçons pour l'avenir.
Cette exigence vaut tout son pesant d'or également pour nous chrétiens.
À une époque bien lointaine de la nôtre, Socrate, ce philosophe de l'antiquité grecque, interpellait chacun de ses contemporains sur la nécessité d'avoir constamment un regard critique sur sa vie en ces termes : "Une vie non soumise à un examen, disait-il, n'est pas digne d'être vécue". Des siècles sont passés, mais ses paroles demeurent actuelles. Car sans la capacité de nous remettre régulièrement en cause, il nous sera difficile, voire impossible de mener une vie humaine vraiment authentique.
Vers la fin de sa vie sur terre, notre Seigneur Jésus nous a lancé un appel pressant à la vigilance : "Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller" (Lc 12, 35-37).
La vigilance n'est rien d'autre que l'examen de conscience que nous devons avoir en permanence à propos du témoignage que nous avons à rendre en ce monde à notre Seigneur Jésus-Christ. Ce retour sur notre vécu en tant que chrétiens nous permet à la fois de savoir où nous en sommes réellement dans notre marche à la suite du Christ et de retrouver sans cesse le bon chemin à suivre. "Mieux vaut avancer en boitant sur un bon chemin que de se lancer d'un pied ferme sur une mauvaise voie", affirmait un auteur.
Exhortant chaque fidèle et chaque équipe d'animation pastorale à créer un espace en vue de cette évolution durant ce mois de décembre, rendons ensemble grâce à Dieu pour tout ce qu'il nous a permis de vivre de bien, de beau et de vrai au sein de notre paroisse et de tout notre diocèse. Dans le respect des gestes barrières, nos célébrations n'ont pas souffert de beaucoup de restrictions comme l'année passée.
Les différents sacrements (baptême, première communion, confession, mariage) ont pu être célébrés dans la joie et nous ont permis de grandir dans la foi. Il en va de même de toutes les funérailles célébrées ; elles nous ont permis de nous ouvrir davantage à ce Dieu qui nous appelle à l'espérance. La fête de saint Jean-louis Bonnard et le pèlerinage des familles à Valfleury, figurent au nombre de ces moments précieux que le Seigneur nous a donnés de savourer ensemble.
Si le rapport de la CIASE nous a tous choqués, bien sûr à juste titre, le temps de l'Avent nourrit notre espérance et constitue une occasion propice de conversion pour nous tous. En accueillant réellement l'Enfant Jésus dans notre cœur, nous serons transformés et notre Eglise deviendra réellement un lieu de vie, de croissance et d'épanouissement pour tous les hommes, particulièrement pour les plus démunis.
Dans la joie de la venue du Christ, je souhaite un joyeux Noël à vous tous et à vos familles, avec mes souhaits surtout de bonne santé pour l'année 2022.
En Jésus par Marie,
Père Floribert MULUMBA MUAMBI
La lettre de l’église de Saint-Étienne, décembre 2021
L’Eucharistie, trésor de l’Eglise
Le Concile Vatican II rappelle que « La sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l'Eglise, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée par l'Esprit Saint, est vivifiante. Il donne ainsi la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création » (PO 5). En effet, l'Eucharistie rend présent le plus grand acte d'amour de l'histoire de l'humanité : la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Pour que son sacrifice reste présent et vivifiant tout au long de l'histoire, Jésus, au cours de la dernière Cène, a institué le sacrement de l'Eucharistie : « Ceci est mon corps livré pour vous... Faites cela en mémoire de moi ». Dans la tradition juive, faire mémoire c'est beaucoup plus que se souvenir : c'est rendre présent. Depuis 2000 ans, l'Eglise célèbre l'Eucharistie, le sacrement qui rend présent le Christ offert en sacrifice pour que nous puissions nous offrir avec lui au Père et aux autres, pour que son sacrifice devienne le nôtre, celui de toute l'Eglise, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
La liturgie est l'écrin qui nous permet d'approcher de Dieu, de vivre ce mystère inouï de l'Eucharistie. Comment l'aborder de manière juste ? Dieu, le Tout-Autre, est si proche et si grand. Il est notre ami intime et celui qui nous dépasse infiniment ! Comment tenir la simplicité de son humanité et la solennité de sa divinité ? On parle de « mystère », non pour désigner une réalité obscure ou inquiétante, mais parce qu'il s'agit de Dieu lui-même, une réalité si grande que nul ne pourra la saisir entièrement, si belle qu'elle n'aura jamais fini de nous réjouir et de nous combler. La liturgie met chacun de nous face au Christ, mais elle est aussi communautaire : c'est la prière de toute l'Eglise qui nous rassemble en un seul corps. L'Eucharistie est le sacrement de l'unité dans le corps du Christ, le repas fraternel où Dieu se donne à nous, l'action de grâce pour le salut en Jésus-Christ.
Cette « divine » liturgie est aussi une réalité très humaine, faite de prières, de chants, de signes, de gestes, d'attitudes... Elle s'est peu à peu construite en s'appuyant sur la Parole de Dieu, en approfondissant le mystère et en s'incarnant dans différentes cultures. Elle a beaucoup évolué, pour tenir ensemble la fidélité au Christ et la réponse aux besoins spirituels des générations qui se succédaient. Pour que la prière soit juste, accordée à la foi et féconde pour ceux qui y participent, l'Eglise a dû réguler, fixer et réformer la liturgie au fil des siècles.
La réforme décidée par le Concile Vatican II a voulu donner davantage de place à la Parole de Dieu et enrichir notre missel de nombreuses prières anciennes ou plus récentes, afin de répondre aux besoins de notre temps, tout en simplifiant les rites pour les rendre plus accessibles. L'objectif était une participation active et féconde de tout le peuple de Dieu. Il ne s'agit pas de « faire quelque chose » pour éviter l'ennui, mais d'entrer tous ensemble dans le mystère du sacrifice du Christ, d'accueillir son amour et de se donner avec lui, de vivre une communion avec Dieu et entre nous. Afin de faciliter cette participation de tous, la liturgie a aussi été traduite dans les langues usuelles.
Notre missel actuel, dit « de Paul VI », a été promulgué en 1969, en latin. Difficile tâche que celle des traducteurs ! Il fallait que le missel français soit fidèle à l'original latin, écrit en un bon français et le plus compréhensible possible ! La première traduction de 1970 avait mis l'accent sur la qualité du français et la compréhension. Elle avait besoin d'être revue. La nouvelle traduction, que nous utilisons depuis le premier dimanche de l'Avent, est plus fidèle au texte original, pour davantage exprimer la riche diversité des prières. Des formulations en « frères et soeurs » intègrent mieux l'ensemble de l'assemblée. Certaines expressions nous parleront plus, d'autres nous sembleront moins claires, plus complexes, en fonction de notre sensibilité spirituelle et théologique. Par-delà ces différentes approches, nous sommes appelés à recevoir la liturgie, comme on reçoit la foi, une réalité qui nous dépasse et dans laquelle nous sommes invités à « entrer » pour y puiser la vie. Recueillons ce qui nous nourrit aujourd'hui, en acceptant de ne pas tout saisir immédiatement : cela pourra parler à d'autres ou nous parler plus tard. Puisse surtout la promulgation de cette nouvelle traduction nous permettre de redécouvrir les richesses de notre liturgie, nous donner envie de mieux y entrer pour mieux en vivre, tous ensemble.
Sylvain Bataille, Évêque de Saint-Étienne